Quand Donald Morrison tombe sous le charme du Havre…
« (…) Sartre a fait [du Havre] le décor de La Nausée, son roman de 1938, dont le titre à lui seul résume le sentiment de l’écrivain à l’égard du lieu. Pendant des années, j’ai partagé ce point de vue. Puis, l’année dernière, j’ai lu que l’UNESCO venait d’inscrire Le Havre au patrimoine mondial. Non, vous ne rêvez pas. L’organisation des Nations unies qui, depuis 1972, a désigné 812 sites d’une importance exceptionnelle, s’est sentie obligée d’ajouter à son classement les 150 hectares bétonnés qui constituent le centre du Havre. Dans leur déclaration officielle, les juges ont salué l’“exploitation novatrice des possibilités du béton”. A l’évidence, une nouvelle visite s’imposait (…) Pour reconstruire le centre-ville, Perret a réuni une équipe de 100 architectes, qui ont poursuivi le projet bien après sa mort, en 1953. Des larges rues plates et rectilignes ont remplacé le dédale de rues hérité du XVIe siècle. L’une des nouvelles artères, l’avenue Foch, bordée d’arbres, longue d’un kilomètre, relie l’hôtel de ville à la mer. Elle est plus large que l’avenue des Champs-Elysées. J’ai emprunté sa voie cyclable qui fait elle-même la largeur d’une rue. En chemin, j’ai aperçu une autre innovation de Perret : l’immeuble d’habitation en béton – Le Havre en compte plus de 180 –, avec ses boutiques au rez-de-chaussée, ses balcons aux étages supérieurs, ses hectares de fenêtres et même, aussi improbable que cela paraisse, des colonnes, des chapiteaux et des bas-reliefs. Car Perret avait beau être moderniste, il n’en était pas moins épris de classicisme.
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